samedi 6 février 2010

Ma première randonnée vélo La Rochelle - Métaponto

Ce qui suit est un récit au jour le jour de mon voyage en vélo LA ROCHELLE – METAPONTO en Italie au bord de la mer Ionienne, du 15 août 2004 au 1er septembre 2004.

Carnet de route


Depuis deux ans nous organisons entre quatre couples des repas mensuels de bridge. Nous avions décidé de nous cotiser pour pouvoir faire un repas en fin d’année puis, après réflexion et un peu plus d’ambition, ce fut l’objectif voyage. Donc l’année dernière nous sommes allés à Agadir. Pour la deuxième année c’est l’Italie qui a été choisie, à Métaponto Lido, complètement dans le sud, sur les bords de la mer Ionienne. Lorsque nos amis ont pris les billets au club Med, le lendemain nous avons envisagé de faire ce voyage en voiture avec ma compagne pour visiter l’Italie. De ce fait on nous refusait le booking bonus car nous ne prenions pas l’avion et on nous demandait des frais de dossier pour faire ce voyage sans prendre le charter. Donc le voyage était plus cher si on ne prenait pas l’avion que l’inverse. C’était mon premier problème avec le Club Med.


J’avais vraiment envie de visiter l’Italie. Je connaissais déjà le Nord avec les lacs, Turin, Milan, Venise, j’étais allé également en bateau à Catane au pied de l’Etna – que j’avais d’ailleurs vu enneigé au mois de février. Mais je ne connaissais pas Gênes, Pise, Florence, Sienne, Rome, Naples, Pompeï, lieux de culture latine. J’avais donc proposé à ma compagne de faire un voyage préalable au mois de juin pour visiter ces villes, sauf Naples et Pompeï que nous aurions vues en septembre au Club, mais elle n’était pas séduite par ma proposition.

En attendant ce voyage de fin d’été, je voulais faire des tournois de tennis pour améliorer mon classement et pouvoir jouer cette année en équipe de tennis des 65 ans et plus. Malheureusement je me suis fait un claquage et la seule activité physique que je pouvais faire était le vélo. J’ai commencé à faire La Rochelle-Chatelaillon car je faisais simplement du vélo dans la ville pour aller à la plage ou faire mes courses. Puis j’ai allongé mes randonnées cyclistes faisant 25, puis 40 kms… et davantage, puis l’île de Ré, trouvant avec la destination des Portes en Ré un parcours agréable par Rivedoux, La Flotte, Saint Martin, Ars, les marais (réserve d’oiseaux), Trousse-Chemise, le phare des Baleines, Saint Clément, La Couarde, Le Bois, La Noue, Sainte Marie et retour. Toujours en augmentant progressivement, je suis allé à Royan (160 kms).

C’est là que l’idée a germé d’aller faire cette découverte folle, d’abord du canal du Midi et de l’arrière pays méditerranéen et de l’Italie du Sud (la mer Ionienne). Il faut quand même dire que j’ai un passé sportif important ayant été professionnel de foot et entraîneur de foot pendant 20 ans. J’ai pratiqué le tennis et le golf et de temps en temps je rejoue au foot avec les anciens lorsque l’occasion se présente. Ma religion c’est le sport (malheureusement souvent au détriment de ma compagne). On dit les veuves du golf, mais on peut le dire pour les passions quelles qu’elles soient. Il fallait faire avaler une couleuvre de plus à ma compagne et est-ce que j’étais capable de réaliser ce parcours dans ma soixante cinquième année ? 2.500 kms dans un temps donné, du 15 août - pas avant car les enfants étaient en vacances – au 3 septembre, date d’arrivée au Club Med et début du séjour. Il fallait faire un test. Achat d’un vélo premier prix dans une grande surface de sport au cas où je ne puisse pas le rapatrier en avion, un porte-bagages avant et arrière avec des sacoches pour transporter ma tente, sac de couchage, matelas pneumatique, matériel de réparation du vélo, vêtement de pluie, vêtements légers et chauds, trousse de toilette, chaussures de rechange, etc. Le problème de selle était le plus important (le mal aux fesses est pire que le mal aux jambes). Pour mon anniversaire, ma compagne m’a offert un cuissard haut de gamme avec le renforcement en gel et je me suis acheté également une selle en gel. Mes sœurs Nicole et Jacqueline ont même participé à l’équipement de mon vélo pour mon anniversaire.

Le test : Jacqueline et Henri mon beau-frère et leurs enfants et petits-enfants étaient partis en vacances dans le Gers à côté de l’endroit où habite mon frère Franck, près de Fleurance. Environ 360 kms aller et, évidemment, autant au retour. Première étape Bordeaux (chez ma fille), par la pointe de Grave et la route des vins du Médoc (180 kms), puis à Fleurance en longeant le canal latéral de la Garonne. Soit dit en passant, il n’est pas tellement aménagé, les chemins de halage sont en friche et nous suivons les routes qui le bordent souvent sans le voir. Une journée de repos en famille et retour. Je l’ai fait assez facilement, sauf que le mal aux fesses subsistait et j’ai réglé ce problème en me mettant des pommades. Je me sentais donc capable d’affronter ce périple. Cet essai je l’ai fait trois semaines avant mon départ pour l’Italie.

J’ai donc continué à m’entraîner 2 jours sur 3, je faisais 50 kms, puis 100 et repos. J’aurais dû faire plus, mais mes enfants et petits enfants étaient en vacances, je partais à 6h30 le matin au petit jour pour ne pas rentrer trop tard. J’avais prévu 4 nuits pour dormir en France dans un lit. Chez ma fille, mon frère, à Agde chez des amis de ma fille et chez les parents de ma belle-fille à Antibes. Mais une inconnue subsistait, c’était le couchage. J’ai donc passé la nuit sous la tente dans le jardin pour tester le confort. Je n’y avais pas dormi depuis les scouts (plus de 50 ans). J’étais tellement mal que j’ai vite acheté un matelas pneumatique, en revanche cela représentait un poids supplémentaire pour le vélo.

Préparatifs du parcours : jusqu’à Agde je savais où je devais passer. Même chemin que pour aller dans le Gers, sauf qu’à Langon j’ai choisi de passer par les Landes. Le canal du Midi j’y tenais absolument. Donc :

1ère étape : La Rochelle, Royan, le bac, pointe de Grave, route du vin du Médoc et Bordeaux chez ma fille et Olivier.

2ème étape : Bordeaux, Langon, les Landes, Condom, Et Fleurance dans le Gers, chez mon frère.

3ème étape : Fleurance et le canal du Midi, Toulouse, Carcassonne, nuit sous la tente.

4ème étape : Toujours le canal du Midi, nuit chez Marie et Stéphane, amis d’Olivier.

5ème étape : Agde et Arles pour passer par la haute Provence et éviter la circulation du bord de mer.

6ème étape : Continuation de la haute Provence et descendre par Grasse sur la côte où je peux dormir dans la famille de ma belle-fille à Antibes.

7ème étape : Je rentre en Italie par Vintimille (j’ai acheté des cartes détaillées de la Toscane et du Sud de l’Italie) et là je commence l’aventure car sur Internet il n’y avait rien sur les parcours à bicyclette en Italie. Je ferai du coup par coup avec tout de même 2 objectifs : visite de Gênes, Pise, Florence, Sienne, Naples, Pompeï, et le 2ème objectif : arrivée pour le vendredi 3 septembre, date du séjour au Club Med, ce qui me laisse 19 jours. Les enfants ont terminé leurs vacances le 14 août à La Rochelle.

1e journée


Départ de La Rochelle le 15 août 2004 à 6 heures du matin, dans le noir.

Je suis donc parti le dimanche 15 août à 6 heures du matin, un peu stressé, dans le noir mais avec l’éclairage de la ville et une petite signalisation sur le vélo… mais celui-ci pesait près de 50 kg, j’avais du mal à le manier car je m’étais entraîné sans autant de charge, d’où cette inquiétude… J’ai traversé La Rochelle déserte et direction les Minimes, piste cyclable le long de la mer jusqu’à Aytré, puis Chatelaillon, les Boucholeurs et pris la piste cyclable aux Trois Canons pour aller sur Rochefort, Tonnay-Charente pour passer l’ancien pont qui était resté ouvert pour les piétons et les cyclistes, quel fut mon étonnement de le voir fermé alors que je l’avais emprunté trois semaines avant pour les tests. J’ai pensé que dans un premier temps c’était un mauvais signe et, aussitôt après, je me suis dit que dans un tel parcours il y aurait certainement des pépins plus durs à avaler. Je me suis donc rallongé pour passer la Charente et partir en direction de Royan pour la traversée vers la Pointe de Grave. Evidemment un bac partait lorsque je suis arrivé à l’embarcadère. Une heure d’attente plus le temps de passage, le débarquement, le retard devenait conséquent. Première crevaison à la sortie du bac ! ça ne s’arrange pas, enfin personne ne m’attend à Bordeaux (les enfants m’avaient laissé les clés de la maison car ils étaient en vacances en Bretagne). Direction route des vins du Médoc. Les plus beaux châteaux sont aux alentours de Pauillac : les Mouton Rothschild, Château Latour, Château Margaux, etc… Il faisait très chaud, 34°, je manquais un peu d’entraînement pour les longues distances, pas beaucoup de points d’eau, pas d’épiceries ouvertes le dimanche et l’eau est essentielle car on se déshydrate beaucoup en vélo surtout par forte chaleur, je me suis ravitaillé dans les cimetières (mon beau-frère Henri m’avait dit qu’il y avait toujours un point d’eau dans les cimetières, ce que j’ai pu vérifier). Dans l’après-midi plus d’eau et lorsque je suis passé devant une maison il y avait une dame dans son jardin, je lui ai demandé si elle pouvait me remplir une bouteille et elle m’a apporté une bouteille d’eau minérale qu’elle avait dans son réfrigérateur en s’excusant qu’elle ne soit pas très fraîche. Au milieu de l’après-midi gros coup de fatigue dû sans doute à la forte chaleur et au manque d’entraînement aux longues distances. Je m’arrête dans un champ entre deux maisons, il y avait un arbre pour me mettre à l’ombre et j’ai fait une petite sieste pour récupérer. Je fus réveillé par le propriétaire, sans doute de la maison contiguë, qui me somma de dégager le terrain. Je ne vous dis pas ma réaction verbale, je n’aime pas les réveils en sursaut. Les gens sont vraiment différents, souvent généreux, mais quelquefois sans beaucoup de compassion. Je suis passé par Pauillac et la concentration des châteaux célèbres était bien là.

Route des vins du Médoc : Châteaux Margaux, Saint Estèphe, Lafitte, Latour, etc.

Je terminais ma première étape vers Bordeaux en arrivant un peu plus tard que prévu. Chez ma fille je me suis douché, ai téléphoné à ma compagne pour donner des nouvelles de la journée, pris quelques aliments dans le congélateur, regardé un peu la télé et au lit.

2e journée


Lundi 16 août. Départ vers 7 heures, traversée de Bordeaux car la maison des enfants est à Bruges en banlieue nord. Je rejoins la piste cyclable Guy Lapébie qui borde la Garonne et direction Langon, je ne longe pas le canal latéral de la Garonne comme je l’avais fait pour le test, je passe par les Landes, direction Bazas. Cette route est très encombrée car elle va vers Pau, mais je bifurque en direction de Houillés, c’est plus calme. Lorsque j’arrive à 20 kms de Condom, je vois un poteau indicateur m’annonçant Lectoure et Fleurance. Pensant que c'était plus court, ce qui n’était pas faux pour les automobiles où un coup d’accélérateur gomme les difficultés, je me suis engagé sur cette route… mais ce n’était qu’un champ de bosses trop hautes pour une fin de journée, surtout avec mes 48 kgs de bagages. Je me serais passé de cet entraînement pour les monts des Alpilles et les reliefs italiens. Enfin Lectoure et Fleurance. Je suis reçu comme un roi chez Franck et Sissi. Le bilan des deux premières journées est positif et conforme au plan de route : 380 kms en 2 jours ce n’est pas si mal.


Canal du Midi

3e journée


Mardi 17 août. Direction la fin du canal latéral de la Garonne, je le rejoins à 20 kms de Toulouse à Grisolle sur une belle piste cyclable, ce qui permet d’admirer la beauté du canal. Je serais obligé de le quitter à Toulouse pour traverser la ville, difficilement car il y a beaucoup de chantiers dus au rallongement du métro. Je reprends le canal à la sortie de Toulouse sud, toujours sur une piste cyclable. Deuxième crevaison, je trouve que c’est trop, enfin… Je poursuis ma route toujours sur une piste cyclable jusqu’à Port Lauragais et là commencent les chemins de halage empierrés jusqu’au seuil de Naurouge, là où est alimenté en eau le Canal du Midi. Un orage éclate et je m’abrite dans la maison de l’éclusier, malheureusement mon équipement sur le vélo est complètement trempé, pendant une heure il est tombé des cordes. Pour rejoindre Castelnaudary par le Canal, un sentier de terre inondée ! Après une tentative de passage dans la boue, je décide de sortir du canal et de prendre la route pour trouver un hôtel à 7 kms de Carcassonne car ma première nuit de camping est compromise par ce déluge. Après plusieurs tentatives, tous les hôtels sont complets à cette période de l’année, mais un hôtelier prend pitié d’un pauvre cycliste, il me dit être originaire du nord de la France et qu’ils n’ont pas l’habitude de laisser les gens dans le besoin. Il me permet de nettoyer au jet mon vélo maculé de boue et il le met dans son garage. Je prends mon repas dans la salle de restaurant et lorsque le service est terminé et que les clients ont quitté les lieux, il m’installe un lit de camp dans un coin de la salle et je peux dormir à l’abri du mauvais temps.

4e journée


Mercredi 18 août. Vers 7 h. du matin, petit déjeuner sans avoir eu la possibilité de me doucher. Je demande l’addition et on me compte le repas et le petit déjeuner et la nuit… c’est cadeau, ah les gens du nord ! Mauvaise surprise en sortant du garage, je trouve pour la 3ème fois depuis mon départ de La Rochelle le pneu avant de mon vélo crevé ; je répare et direction Carcassonne, fais quelques kilomètres et crève à nouveau (toujours la roue avant), ça commence à faire beaucoup. Après renseignement, on me dit que Décathlon se trouve à 2 kms à l’entrée de Carcassonne.

Nouvelle réparation, heureusement que j’avais 2 chambres à air de rechange. J’arrive sans nouvel incident au magasin. Je fais changer le pneu et il me remplace la bande de protection des têtes de rayon, c’est ce qui endommageait la chambre à air. Après avoir pris beaucoup de retard, je traverse Carcassonne et reprends le canal du Midi.

Au départ du canal à Carcassonne, je trouve un groupe de 4 jeunes qui vont comme moi à Agde et nous partons ensemble sur un chemin de halage empierré où l’on peut rouler assez vite. Mais ça ne dure pas, l’un d’eux a des problèmes de dérailleur et son porte-bagages est cassé, je les aide à réparer. Nouvel arrêt pour manger… qui s’éternise. On repart, crevaison de l’un d’eux. Je les aide à nouveau. Ils veulent se reposer et là je me dis que si je veux être ce soir à Agde chez Stéphane et Marie (amis d’Hélène ma fille), il faut que je poursuive ma route seul.

Les chemins en terre sont quelquefois gorgés d’eau des orages de la veille et deviennent de plus en plus étroits et des racines de platanes débordent et coupent le chemin (surtout dans l’Aude).

Tout n’est pas négatif car la jonction de la Robine et du canal du Midi est magnifique.

Il est 19 h. et je suis près de Béziers, je téléphone à Marie pour lui dire que j’arriverai plus tard que prévu. Elle propose que son mari vienne me chercher, je suis à 15 kms de chez eux. Je donne mes coordonnées et Stéphane me ramène chez lui, ce qui me permet de ne pas arriver trop tard. Je ne les avais vus qu’une seule fois chez Hélène. Ils possèdent une maison superbe et sont très sympas. Marie se propose de me laver quelques vêtements et nous prenons notre repas. Super.

Canal latéral de Bordeaux à Toulouse(orange). Canal du Midi de Toulouse Sète (rouge et noir). Canal du Rhône de Sète à Aigues Mortes et Beaucaire sur le Rhône.

5e Journée


Jeudi 19 août. Journée de tous les dangers ! Bonne nuit avec la clim. Par ces chaleurs d’août ce n’est pas négligeable. Je fais ma toilette puis je vais au garage installer mon matériel, petit déjeuner avec Stéphane qui me prépare une bouteille d’eau pour la route et me voilà reparti. Après quelques kms je m’aperçois que j’ai oublié l’eau. Cet oubli aurait pu être la fin du voyage. Je m’arrête dans une boulangerie à Pinet, je prends un croissant et bien sûr la bouteille d’eau indispensable à la réhydratation. Une trentaine de kms plus loin je vois un marchand de fruits, je m’arrête pour m’en acheter et au moment de payer, je constate avec désarroi que je n’ai plus de portefeuille. Je demande l’annuaire, téléphone à la boulangerie de Pinet pour savoir s’ils n’ont pas trouvé un portefeuille, car il n’y avait que là que j’avais pu l’égarer, mais la réponse fut négative. Au moment ou j’allais raccrocher, mon portable sonne et c’était Hélène me disant qu’un monsieur l’avait retrouvé et qu’il était à la mairie de Pinet. Demi-tour, je mets le turbo pour arriver avant midi (fermeture de la mairie). On avait retrouvé en vrac mes papiers et ma carte bleue et le portefeuille vide de ses 200 euros. Enfin la continuation du voyage était assurée. Ouf, j’ai eu peur. Re-direction Montpellier, je passe par la place de la Comédie qui est très belle et très animée. C’est là que se trouve l’Office du Tourisme, je veux connaître les pistes cyclables pour les plages du littoral languedocien. Je prends donc la direction de Carnon Plage par une piste cyclable qui borde la route du littoral, puis la Grande Motte et le Grau du Roi, je rejoins Aigues-Mortes.


Aigues Mortes.

Je suis à plus de 40 kms d’Arles et je ne pense pas pouvoir y coucher. Je pédale à travers la Camargue, je passe à 12 kms de Ste Marie de la Mer il est 19 h.30, je commence à chercher un endroit pour camper, mais rien en vue, la nuit tombe et je n’ai pas de lumière, mes piles sont usées. Heureusement qu’il n’y a plus beaucoup de voitures et lorsque j’en entends une, je m’arrête et me gare. Il est 21 h.30 lorsque je rentre dans la banlieue d’Arles et je bénéficie de l’éclairage public.

Après m’être renseigné dans un Café, je trouve avec beaucoup de difficultés un camping dans la banlieue commerciale d’Arles ; le gardien me trouve un petit coin éclairé dans le parc d’enfants. Une petite douche et au lit sans manger. Pour finir le tout, un orage ! la tente semble résister à l’eau, c’est une bonne nouvelle, je me demande si le camping pourrait être inondé dans la nuit, mais je me suis endormi avant d’avoir la réponse.

6e journée


Vendredi 20 août. La réponse je l’ai eue au petit matin, tout était impeccable et le temps était redevenu beau. Je suis parti à 8 h. car je ne pouvais pas récupérer ma carte d’identité plus tôt. Je suis passé dans la zone commerciale pour prendre la route vers les Baux de Provence. J’avais fait à peine 2 kms que cette fois c’est le pneu arrière qui éclate, il est complètement usé et l’on voit la chambre à air. Je reviens à pied vers le Décathlon – qui ouvre à 9 h.30 – et j’ai une heure à attendre. Le mécanicien est en vacances, je propose de changer le pneu moi-même mais en définitive le responsable vélo assez sympa… me le fait, me pose beaucoup de questions sur mon début d’aventure et me demande de lui envoyer un petit compte-rendu et une photo pour leur journal interne lorsque j’aurai réussi mon parcours avec une bicyclette premier prix de chez Décathlon. Il est assez étonné. Vers 11 h. je suis reparti pour traverser la Haute-Provence. Les Baux en Provence et le côté sud du Lubéron ; je connaissais déjà le côté nord. J’ai longé la Durance, j’ai vu beaucoup d’ouvrages EDF, je suis passé par Silvacane, Peyrolles en Provence, Rians, Taverne où je n’ai pas trouvé de camping. Après m’être renseigné, je suis descendu à Barjols où il y avait un camping avec douches gratuites et en prime un match de foot d’assez bon niveau en nocturne sur un terrain jouxtant l’emplacement de ma tente. C’était assez sympa.

7e journée


Samedi 21 août. Ce devrait être ma dernière journée sur les routes de France si je respecte mon planning. Départ 8 h., parcours accidenté et le fait d’avoir beaucoup de charge me gêne dans les côtes mais c’était prévu et je me dis avant chaque côte que j’ai le temps. Il faut pédaler doucement en rythme et se dire qu’après une montée… il y a une descente. En plus il y a la chaleur ! Je prends le petit déjeuner à Salernes sur une place ombragée et très belle. A Draguignan un petit « en-cas » et j’affronte quelques côtes dans la direction de Grasse. Je suis allé plus loin qu’il ne fallait, j’aurais dû prendre la direction de Cannes et bifurquer sur Antibes, mais j’ai pris Nice pour bifurquer vers Antibes et je n’en voyais pas la fin. Dans la descente vers Antibes, j’ai entendu le claquement d’un rayon et bien sûr : conséquence une roue voilée ! Dès que je suis arrivé à Antibes, plus tôt que prévu, je suis allé chez Décathlon pour me faire changer le rayon et dévoiler la roue. Isabelle est assez surprise de m’entendre si tôt au téléphone. Elle m’a donné l’adresse de ses parents et 5 minutes plus tard Roger, son père, me fixait rendez-vous au pied de son immeuble route de Grasse. Dès la réparation de mon vélo, j’ai filé chez Denise et Roger, rangé ma bicyclette dans le garage et pris une bonne douche et j’en ai profité pour me peser et constater que j’avais perdu 6 kgs dans la première semaine. On a discuté devant un verre avec Roger sur ses exploits de jeunesse dans ses courses automobiles, pendant que les femmes préparaient le repas qu’on allait prendre en famille, Roger, Denise, Isabelle, Quentin, Basile. Au menu steaks tartares et spaghettis (menu du cycliste), agrémenté d’une bonne salade de fruits. J’ai très bien dormi sur le canapé du salon. J’ai trouvé leur appartement très bien avec un immense balcon donnant sur la verdure.

8e journée


Dimanche 22 août. Petit déjeuner ensemble, les petits tenaient à me voir partir et à 8 h.30 je disais au revoir à tout le monde et les remerciais de leur sympathique accueil. J’ai suivi le bord de mer, qui est magnifique jusqu’à Nice sur une route belle et plate sans trop de monde. A partir de Nice ce n’est qu’une montée jusqu’à Monaco.


Menton.

Evidemment c’est magnifique. On domine la baie de Villefranche puis celle de Monaco. Vers 11 h. je suis à Vintimille. Je m’arrête à la frontière dans une boutique, j’achète un litre de pastis pour donner un goût d’anis à l’eau que je bois et des gâteaux qui feront mon repas de midi avec un panaché. Je prends mon temps car maintenant je n’ai plus de contrainte. Je ne couche plus chez l’habitant, je dois juste arriver le 3 septembre. Je repars vers midi ½ et je longe la Riviera du Ligure qui est très belle, mais ses plages sont souvent en galets et en espèce de terre grise : Sans Remo, Diano Marina, je roule jusqu’à 18 h. et à Cerva je trouve un camping. J’installe ma tente et je vais me baigner à la plage à deux pas. Je suis « super relax » heureux d’être en Italie. Une douche et je vais manger au restaurant du camping une pizza et une assiette de fromage. Je suis content de ma journée. Une bonne première nuit mais toujours inquiet pour mon vélo, ce qui m’empêche d’être complètement détendu.

9e journée


Lundi 23 août. Départ de Cerva, la côte est escarpée et on est au niveau de la mer dans les stations balnéaires, mais entre chaque station il faut monter et quelquefois très haut et ça m’épuise. Dans l’après-midi je rentre dans la banlieue de Gênes qui est très industrielle et je n’en vois pas la fin tellement elle me paraît longue. Je longe le port qui est immense et visite rapidement, un tunnels qu’ils appellent « Galeries » me fait arriver dans l’hyper centre. Je passe par la place Ferrari qui est très belle. Je continue à longer la côte qui est maintenant la Riviera du Levant. Je passe par Portofino merveille des merveilles, qui est un haut lieu du tourisme italien. Vers 19 h. je m’arrête dans une station, pas de camping, il faut que je monte une grande côte de 7 kms pour arriver à Chiavari pour trouver enfin un camping. Je suis très fatigué, la journée avait été déjà difficile, il est 20 h. Je me trouve à côté d’un couple de Hollandais qui sont partis de chez eux il y a 5 mois et ont parcouru 7.000 kms : Hollande, Belgique, France, Espagne, Portugal, Espagne et bateau pour l’Italie mais ils n’ont pas de contrainte de temps et ils sont jeunes, mais c’est fort, il faut aimer le vélo et le camping. Ce soir là tout était fermé et j’ai mangé les quelques gâteaux qui me restaient. Depuis que je suis en Italie je ne dors que d’un œil de peur de me faire voler ma bicyclette.

10e journée


Mardi 24 août. Départ de Chiavari vers 8 h., je prends à l’épicerie du camping du jambon, fromage et pain car je n’ai presque rien mangé la veille au soir ! je les consomme immédiatement devant la mer sur un banc. Le ciel est toujours bleu, pas de vent. J’attaque le col Del Bracco (Barraque) 615 m., c’est mieux de le faire le matin lorsque je ne suis pas encore fatigué, je prends mon temps, je le monte en rythme, il est long de 10 kms. A l’arrivée du sommet il y a un bar et j’en profite pour prendre un cappuccino et récupérer. Une grande descente à 50 kms/h c’est bon pour le moral. Je suis obligé de m’arrêter et de me mettre à l’abri dans une station-service car le temps est à la pluie et il tombe quelques gouttes, je ne veux pas me tremper comme sur le canal du Midi ! (pas de risques). J’en profite pour faire le point, je suis à quelques kms des Cinq terres (5 villages) très réputés pour leur beauté mais en dehors de ma route et j’ai des impératifs de temps, je ne peux pas tout voir et je suis à 20 kms de la Spezia et 85 kms de Pise. La pluie, ce n’était qu’une petite alerte. Je dormirai vraisemblablement sur la côte. Je repars mais dès que je vois une cabine téléphonique je pense à donner de mes nouvelles à Mad, comme je l’ai fait chaque jour. Je roule sur la route des plages pendant 50 kms, c’est la Riviera della Versilia dans le golfe de Gênes, les stations balnéaires se succèdent. En août les Italiens sont comme les Français en vacances, car il y a vraiment beaucoup de monde. En fin de journée vers 19 h. je commence à rechercher un camping, toujours avec difficultés vu mon Italien déficient, je ne trouve rien sur la côte, je suis obligé de quitter le bord de mer et d’aller un peu à l’intérieur. Viarrégio (un super camping) rituel habituel, la première chose est de monter la tente, de sortir mes affaires et d’aller prendre ma douche, puis en plus, cette fois-ci, je suis allé au bar et me suis offert une glace en regardant un match de foot italien et j’ai pris mes notes sur l’activité de la journée. Vers 22 h. au lit (façon de parler).

11e journée


Mercredi 25 août. Le cérémonial du matin : lavage des dents et rasage, je ne prends pas la douche car je l’ai prise la veille au soir. Je roule mon sac de couchage et le mets dans la housse, même chose pour le matelas et oreiller pneumatiques, je mets ma tenue de vélo. Je replace ma selle (que j’enlève tous les soirs), je range mes affaires dans les sacoches, les fixe sur le vélo, plie ma tente ainsi que le duvet et le sac de couchage que j’arrime et avant de partir je vais payer ma nuit, environ 15 € (le prix est le même en France et en Italie), récupère ma carte d’identité. Le tout me prend une heure trente. C’est un peu différent lorsque je fais du camping sauvage.


Pise.

Ce matin je pars pour Pise et Firenze et peut-être plus, ce sera en fonction des visites et des distances que je serai capable d’accomplir. J’arrive assez rapidement à Pise, les abords de la cité me paraissent assez sales par rapport à la réputation de cette ville. Les 4 monuments célèbres apparaissent lorsque j’entre dans l’enceinte fortifiée : la Tour, le Duomo, le Baptistère et le Campo santo (cimetière). On est saisi par cet ensemble hors du commun. Il est 9 h. et déjà beaucoup de touristes dont des Français venant d’Auvergne avec qui je discute. Me voyant avec mon vélo une dame me pose des questions et me demande si je vais passer dans la presse… Mes visites ne se font forcément qu’extérieurement car je ne peux laisser mon vélo avec le matériel sans surveillance, sauf lorsque je suis dans un camping où il y a peu de problèmes de vols. Après avoir vu cette magnifique enceinte, je pars pour Florence et la meilleure de la journée : je me trouve sur l’autostrade, bien sûr interdite aux cyclistes. Je mets le turbo pour m’en échapper et prendre la première sortie et revenir dans le droit chemin. Le route est plate et j’arrive sans problème à Florence.


Florence et le Duomo (cathédrale)

Visite de Florence, je rentre par la via Bronzino, longe l’Arno et passe le pont Alla Carraia pour aller à San Maria Novella puis San Lorenzo le Duomo et le Baptistère puis la piazza Republica, puis la place de la Signoria où se dresse le Palazzo Vecchio, puis direction Ponte Vecchio et la via de Guicciardini qui est son prolongement et mène au palais Pitti. On peut voir une partie de la galerie qui va du Palais Vecchio au Palais Pitti empruntant le pont Vecchio qu’utilisaient les Médicis pour éviter la foule. Je suis resté 3 heures, ce qui me donne un aperçu du centre historique de Florence. Lorsque je vois un documentaire sur cette ville, je peux me situer en fonction des bâtiments principaux et de l’Arno. Fin de l’après-midi je reprends la route pour trouver un camping à l’extérieur de Florence et me mettre sur la route de Sienne. On m’oriente sur une mauvaise piste, je suis obligé de faire une dizaine de kms pour reprendre la bonne trajectoire. Je pédale et l’heure passe et la nuit commence à tomber et toujours pas de camping, je ne suis pas sur une route de campeurs et en plus un relief d’enfer. J’ai déjà fait une trentaine de kms. Dans un petit village, en bordure de la route, je m’arrête dans un petit espace vert. Je m’allonge sur un banc et je m’endors mais pas pour longtemps. Est-ce le fait de me trouver en moyenne montagne, la température est très fraîche, la nuit et le froid me réveillent alors qu’il a fait très chaud dans la journée. Il est minuit, je décide de monter la tente et ce sera ma première nuit de camping sauvage. Je me repose mais je ne dors que d’un œil.

12e journée


Jeudi 26 août. Il est 6 h.30, il fait à peine jour mais en Italie il fait jour plus tôt et nuit forcément plus tôt. Je me lève et fais ma toilette. En camping sauvage, la toilette : lavage de dents avec l’eau qui me reste de la veille et je me rase, j’ai une glace dans ma sacoche. Rasé j’ai l’impression de propreté. Il faudra que je sois à Sienne avant midi. Sur la carte que je possède, les dénivellations ne sont pas indiquées. Le parcours est très vallonné et je suis sur la route des vins de Chianti. Sienne est sur une hauteur et c’est en rentrant dans la ville que je trouve la côte la plus difficile. Il y a un monde fou, on m’interdit de rouler en vélo, je profite d’être à Sienne pour prendre de l’argent à un distributeur. Vive l’euro ! J’ai rencontré des Français et j'en ai profité pour discuter, le contact me fait le plus grand bien. Ma décision est prise, je change mes plans. Je devais aller à Rome par l’intérieur, mais après avoir discuté avec un Italien qui parlait très bien le français, lorsque je lui ai demandé si après Sienne il y avait beaucoup de montagne, il m’a répondu que c’était le relief qui faisait la beauté de son pays et qu’en fait il n’y avait guère que sur la côte que le terrain était plat. Je rattraperai donc la côte par Grosetto à 73 kms de Sienne. Bien sûr c’est un choix entre le relief avec sa tranquillité routière et le plat et la circulation. On dit que de deux maux il faut choisir le moindre, mais le poids de mon vélo me fait détester les côtes.

Je prends donc la direction de la mer en suivant toujours la route du Chianti avec son relief, le parcours est difficile et éprouvant en plus j’ai droit à un orage. Mais j’ai l’espoir que le plat n’est plus loin. En attendant je m’arrête dans un petit village où je trouve une épicerie et j’achète du pain, gruyère, jambon blanc et fruits que je consomme sur place. Lorsque j’arrive à 20 kms de la mer, changement radical de température, de végétation, les pins parasols font leur apparition et mon moral est comme la température, en hausse. C’est reparti comme au meilleur moment. Le problème est qu’en arrivant sur Grossetto je me trompe de route et m’éloigne au lieu de m’en rapprocher, toujours à cause de l’interdiction des autostrades et le manque de routes secondaires. Il fait noir et je n’ai pas trouvé de camping. Je m’arrête dans un café, prends une bière et une glace et inspecte les lieux pour trouver un endroit pour poser la tente. J’en trouve un à quelques centaines de mètres du café. Encore une nuit de camping sauvage en perspective.

13e journée


Vendredi 27 août. Je voulais éviter les routes accidentées, c’est gagné. Rome 200 kms et je vais essayer de m’en rapprocher le plus possible. Il fait très chaud et je m’arrête de plus en plus souvent. Je me fais pas trop de soucis car je sais que lorsque arrivera 17 h. j’aurai la pêche, c’est l’heure magique après 8/10 h. de vélo, je commence à « être chaud » (humour).


Rome.

J’arrive à Civitavecchia qui est le port de Rome et une station balnéaire à 70 km de la capitale et je suis heureux de retrouver la mer que j’avais momentanément perdue. Les plages sont plutôt caillouteuses et grises, elles tranchent avec la grande bleue. Avec mon coup de pédale retrouvé, j’arrive rapidement dans la banlieue de Rome par la via Aurelia que j’ai beaucoup empruntée car elle part de Vintimille et va jusqu’à la ville aux 7 collines, elle devient très vallonnée, à quatre voies et avec une circulation infernale, on risque sa vie à chaque instant, mais je n’ai pas d’autre alternative.

Je rentre dans Rome et immédiatement je vois un camping qui me paraît de bon standing, c’est ce qu’il me faut pour passer 2 nuits surtout après deux étapes de camping sauvage, la douche sera la bienvenue. Il y a de la place et j’installe ma tente et mon matériel avant d’aller prendre ma douche. Je me sens bien et heureux d’être à Rome et satisfait d’avoir fait somme toute ces 200 kms sans trop de difficultés si ce n’est cette circulation aux abords de la capitale. Le camping est encore mieux que je l’espérais, le restaurant est super, il y a un bar avec une TV géante et une piscine. Avant d’aller au restaurant je téléphone, comme tous les soirs, à Mad pour lui demander de ses nouvelles, lui donner les miennes et je vais manger. Je prends une pizza et une assiette de fromage et un verre de Chianti et je finis la soirée en mangeant une glace et en prenant mes notes sur mon carnet de route, tout en ayant un œil sur un match du championnat italien. Je vais me coucher en ayant un sentiment de travail accompli.

14e journée


Samedi 28 août. Fin de ma deuxième semaine de randonnée et première journée de repos qui est prévue pour la visite de Rome. Je me lève tôt comme d’habitude, fais ma toilette. Je pars après avoir installé uniquement ma sacoche arrière et mis le matériel de réparation, il est 7 h. Sur le parcours, ma sacoche presque vide frotte sur les rayons, je m’arrête donc pour remédier à ce problème et dans un premier temps je décide de mettre ma petite sacoche de guidon dans celle de l’arrière pour lui donner de la rigidité. Je la dégrafe et veux la mettre, je me ravise car j’ai un petit sandow pour éviter ce frottement. J’ai certainement posé la petite sacoche contenant mon appareil photos numérique et oublié de la replacer. Je suis reparti en laissant tomber celle-ci sur la chaussée. Je me suis aperçu rapidement de la perte de mon appareil, je suis revenu immédiatement à l’endroit où je me suis arrêté et je n’ai rien retrouvé et pourtant à cette heure matinale il n’y avait pas grand monde. Non seulement je perdais mon appareil, mais aussi toutes les photos que j’avais prises sur le canal du Midi, sur la Riviera, à Gênes, Pise, Florence, Sienne. Celles que j’ai mises pour illustrer mon texte viennent d’Internet. On peut dire que cette déception m’a mis un grand coup au moral. Cette bêtise est due à mon étourderie bien sûr mais aussi peut-être à la fatigue. La première chose à faire : acheter un appareil photos jetable. J’ai donc commencé ma visite par la place Cavour, puis au Vatican : Saint Pierre puis la via della Reconciliazione qui mène tout droit au Castel San Angelo avec le pont sur le Tibre décoré de statues (voir l’historique) puis, par les petites rues, le Panthéon et direction la Fontaine Trevi en passant par la piazza Colonna (colonne Trajean). Retour par les petites rues sur la via Del Corsa qui m’amène à la place Venezia et au triste et imposant Palais Emmanuel II (baptisé la machine à écrire par les Romains). Derrière ce palais se situent le Forum Romain avec tous ses vestiges et notamment les arcs Constantin et Titus, le Colisée, le Circo Massimo etc… Vers 14 h. je suis rentré au camping en espérant qu’on m’ait rapporté mon appareil car l’adresse du camping se trouvait dans la sacoche. Mais là ce n’était qu’un rêve. Le moral n’y était plus, je suis allé manger un sandwich, il faisait très chaud. Je n’ai pas eu le courage de revenir à Rome poursuivre ma visite, je suis donc parti me reposer au bord de la piscine en me baignant de temps en temps. Après avoir récupéré et repris mes esprits, je me suis dit qu’il n’y avait pas mort d’homme et je me suis mis à table devant un bon plat de spaghettis et un verre de Chianti et… au dodo pour partir comme d’habitude de bonne heure pour la suite du parcours.


Le Colisée.

15e journée


Dimanche 29 août. Fin de la deuxième semaine. L’objectif est d’être à Metaponto pour vendredi prochain 3 septembre à midi. Je suis sur la bonne voie mais je ne suis pas à l’abri de difficultés de parcours que je découvre ou d’accident mécanique, de mauvais temps, plus grave je n’y pense pas, il faut positiver. Je me lève de bonne heure et le camping ouvre à 7 h., je peux donc récupérer mon passeport tôt. Pas grand monde dans Rome à cette heure matinale qu’il faut que je traverse pour rejoindre la route de Naples. L’objectif de cette journée est de me rapprocher le plus possible de cette belle cité qui est à 250 kms. Il n’est pas question de faire cette distance et je n’envisage pas de toute façon de trouver un camping dans cette ville car tout le monde me dit que c’est la ville de tous les dangers.

Je traverse donc Rome et arrive au E.U.R. quartier d’affaires très chic. J’en profite pour prendre de l’argent à un distributeur. Il est 8 h. et je suis étonné de constater qu’il commence à y avoir un monde fou sur cette route pour un dimanche matin. En fait ce sont les Romains qui vont à la mer. Les plages de Rome sont Lido Di Ostia et Lido di Castel San Lorenzo, il paraît qu’elles sont en sable fin. Evidemment moi je continue sur la S148 vers Naples et eux bifurquent vers leurs plages et tout d’un coup tout devient plus calme. Je roule 90 kms sans voir la mer jusqu’à Terracina sur route plate à quatre voies, heureusement c’est dimanche, pas trop de camions. Maintenant je longe beaucoup de criques avec des plages de sable fin. Dans un virage sur le haut d’une falaise apparaît une immense et magnifique station balnéaire, c’est Gaeta, superbe. J’essaie de m’avancer vers Naples et de trouver un camping mais les voitures se font très nombreuses car les gens rentrent des plages et dans les communes je double des files énormes. Vers 19 h. je trouve un camping, je viens de faire 200 kms en pleine chaleur et dans un bruit permanent de voitures. Le camping est un peu « craignos », les douches dégueulasses et je ne veux même pas en prendre. En revanche il y a un accès direct sur une plage magnifique, mais vu ce que m’ont dit les Italiens sur Naples et la région, pas question de me séparer du portefeuille pour aller se baigner, seul ce n’est pas facile. Pas de resto, je vais m’allonger sous la tente, il est 20 h. et je m’endors jusqu’à minuit. Je suis réveillé par la musique techno qui est mise à fond la caisse, elle réveillerait un mort. Au milieu de la nuit je me suis rendormi.

16e journée


Lundi 30 août. Lever 6 h. car le gardien du camping m’a dit qu’il serait là à 7 h Le temps de me préparer il est 7 h.15 et le gardien n’est pas là. Il arrive enfin en s’excusant, je peux partir. But de la journée : faire un tour à Naples, voir le Vésuve et visiter Pompeï.


Naples.

Une chose m’a surpris, c’est l’état de saleté des abords des routes dans cette région. Après 50 kms de saleté, j’arrive à Naples qui elle est propre, enfin ce que j’en ai vu, avec une magnifique vue sur la baie de Pozzuoli, je rentre dans la banlieue de Naples avec une grande côte, puis le centre ville et un tunnel ou une « galerie » comme ils disent, pour être dans l’hyper centre, puis je débouche sur cette magnifique Baie de Naples dominée par le Vésuve. La promenade le long de la baie est un peu comme la promenade des Anglais ou la Croisette, mais avec une vue sur les îles et le Vésuve, c’est royal. Midi trente, je longe cette promenade et la route se poursuit avec des pavés sans discontinuer, je rentre dans San Jovanni, passe au pied du Vésuve, mais trop pentu pour le monter, et on arrive à Pompeï qui se trouve à 20 kms de Naples, toujours sur des pavés.


Pompei.

En face du site un camping pas mal et je m’installe, prends une douche, me change et me voilà parti pour visiter les ruines de Pompeï. L’entrée du site est somptueuse, il s’étend environ sur 2 kms au carré. Il est dit sur les revues qu’il faut une journée de visite avec un guide de préférence. J’y suis resté 4 h. sous le soleil et j’étais exténué. Les principaux monuments se trouvent pas très loin de l’entrée : le Forum, puis un peu plus loin les deux théâtres contigus avec la caserne des Gladiateurs, au fond du site l’Amphithéâtre, les plus belles peintures et villas, les lupanars, le chien en céramique la plus vieille du monde, toutes les principales oeuvres sont au musée de Naples. Je suis donc rentré au camping en fin de soirée. Ai téléphoné à Mad et un petit repas de pâtes au resto et au lit. Demain à nous la Basilicata, j’ai 3 jours pour y arriver.

17e journée


Mardi 31 août. Je suis inquiet par le relief des dernières étapes. Départ de Pompeï à 7 h. Jusqu’à Salerno pas de problème. J’ai trouvé la baie de Salerne magnifique et la ville ressemble un peu à Naples en plus petite. Mais à la sortie, le festival de côtes commence, la première de 9 kms à 600 m. d’altitude, une autre moins longue mais en pourcentage plus important etc… Il est 19 h. j’ai passé Antna Ancana, j’ai pris la SS276 et 30 minutes plus tard j’ai décidé de m’arrêter dans un champ pour faire du camping sauvage dans un endroit assez calme et loin de tout passage. Demain il fera jour et pour peut-être le dernier de route. Il me reste 140 kms à faire pour Metaponto. Je suis assez content de ma journée, j’ai bien négocié les côtes. « Bonne nuit les petits ».

18e journée


Mercredi 1er septembre. Nuit calme mais je n’arrive pas à dormir et ce pour la première fois du voyage j’ai eu des crampes dues certainement aux côtes. Il fait toujours beau, j’espère que la semaine du Club Med sera du même acabit. Je me suis levé à 5 h.30 dans le noir, le temps de ranger mon matériel il faisait jour. J’ai préféré faire ma toilette un peu plus loin de peur de voir arriver un paysan grincheux. Un ¼ d’heure après mon départ, je me suis arrêté dans une station-service qui avait un bar, j’ai pu faire ma toilette et prendre un petit déjeuner. Je repars et à nouveau une longue côte de 9 kms, je ne me décourage pas, c’était prévu et ce sera comme ça jusqu’à la mer Ionienne. Eh bien erreur ! la route devient plate. En fin de matinée première crevaison du pneu arrière depuis que je suis en Italie. Il fait une chaleur torride et vers 13 h. je passe à proximité d’un rare restaurant sur cette route déserte qui ressemble à un paysage de western. Je me repose en mangeant un plat de spaghettis et une glace. Cette route est désertique et forcément pas ombragée et elle serpente entre les sommets sans jamais monter ou descendre, pas d’habitation en vue et je commence à avoir sérieusement soif. Enfin un débit de boisson qui me permet de me désaltérer. La fin du parcours me paraît longue. Enfin je vois la mer Ionienne, encore 23 kms pour arriver à Metaponto. Il est 18 h. lorsque je suis au Lido Metaponto, je me renseigne dans un restaurant pour savoir où est le Club Med. Soit j’ai mal compris, mais je ne l’ai pas trouvé, je reviens sur mes pas et me renseigne à nouveau. Il est en fait à 17 kms de Lido Metaponto, j’arrive il fait noir. Je m’adresse au gardien et lui explique que j’arrive de France en vélo et que ma semaine au Club Med ne commence que vendredi à midi et que j’aimerais bien avoir une chambre en attendant cette date. Il me dit que c’est complet et de revenir à la date prévue. Je lui demande qu’il me passe un responsable, il me répond que ça suffit comme ça et de passer mon chemin sinon il appelle les carabiniers. Evidemment sa menace me fait sourire et je me dis que ce n’est qu’un employé et dès que j’aurai le responsable mon problème sera résolu. Je lui dit que je ne bougerai pas tant qu’il ne m’aura pas passé le responsable. Après quelques palabres il se décide à l’appeler. C’est une femme, mais pas de cœur. Je lui explique mon problème mais même son de cloche, pas de chambre, elle me dit qu’au Lido Metaponto il y a des campings, je lui explique que c’est à 17 kms, qu’il fait noir, que je ne veux pas risquer l’accident après 2.500 kms, si elle pouvait me trouver un petit coin pour poser ma tente pour la nuit et que demain je pourrais partir sans ce problème d’éclairage. Elle ne veut rien savoir et raccroche. Devant tant de mauvaise volonté je rebrousse chemin, mais évidemment il n’est pas question de reprendre le vélo et de risquer l’accident. En face l’entrée, de l’autre côté de la route il y a une haie, j’installe ma tente derrière et je passe la nuit de fort mauvaise humeur.

19e journée


Jeudi 2 septembre. Au lever du jour, de moins mauvaise humeur et pour éviter toute histoire, je pars à la recherche d’un camping, j’ai une semaine de vacances à passer et pour quelques abrutis je ne tiens pas à la gâcher. Il est 8 h. lorsque j’arrive à Lido Metaponte, il y a un bar sur la plage qui s’ouvre, je prends un petit déjeuner relax, heureux d’être arrivé sans encombre à destination. Je discute avec le patron qui est un ancien pro de foot très sympa. Il me dit qu’il y a un camping à deux pas. Je m’y rends donc, il me paraît très bien, on me donne une place à côté de personnes qui parlent un peu français. J’installe la tente, range mon matériel, douche, rasage etc… Je prends mon temps et vers 11 h. direction la plage, je loue une chaise longue et un parasol et ma journée de récupération commence entrecoupée de bronzages et baignades et de sanwiches et bières. Je reste à la plage jusqu’à 17 h., retour au camping, douche et visite du littoral en vélo, c’est une toute petite station balnéaire, pas mal de verdure, quelques belles villas et très peu de commerces. Vers 20 h. je vais manger au restaurant du camping : pizza, fromage et bière. Un petit mot sur la bière, je n’en buvais jamais, mais j’ai trouvé qu’elle désaltérait bien et lorsque j’avais très soif je la buvais moins vite. 22 h. au lit, je n’arrive pas à dormir, à 2 h. du matin je suis en train de prendre le frais.

20e journée


Vendredi 3 septembre. Jour d’arrivée de notre groupe de vacanciers, il est prévu pour midi. Je prends mon temps pour faire ma toilette et ranger mes affaires. Vers 9 h. je vais prendre mon petit déjeuner en face la plage et je pars tranquillement à la Marina di Pisticci où se trouve le Club Med. Je me retrouve à l’entrée, il est 10 h.30, même gardien qui ne me parle pas cette fois des carabiniers, mais téléphone à une responsable qui me fait encore un pataquès, me disant qu’il n’était pas question de rentrer avant 15 h., que je n’avais pas droit au repas. Je lui réponds que mes amis arrivaient à midi et qu’eux avaient un repas prévu et que j’avais payé ma place dans l’avion bien que je sois venu à vélo, mais que si je n’y avais pas droit il n’y avais pas lieu d’enfreindre le règlement car je ne voulais pas mettre le Club Med sur la paille. Sans doute après vérification de la liste des passagers en provenance de Paris, on me passe une autre personne, le ton change, on m’appelle Jacques et on me laisse entrer et d’un seul coup j’ai droit à toute la sympathie du personnel. Pensez-vous il vient de La Rochelle à vélo, à son âge, c’est presqu’un exploit !


Ambiance relax au Club Med, ma destination.

Enfin pensons à la semaine à venir. Le bus arrive de Brindisi comme prévu à midi, je suis heureux de retrouver Mad, Jacqueline, Henri et les amis. La semaine de vacances est une autre histoire moins glorieuse mais sympa.

Epilogue


Je suis heureux et fier d’avoir pu faire ce voyage en vélo : 2.500 kms en 18 jours avec des villes visitées et une journée d’arrêt à Rome. Physiquement c’est moins difficile que je ne le pensais. Je n’avais pas campé depuis mon adolescence, je n’ai pas beaucoup dormi mais je n’ai pas besoin de trop de sommeil. Sur le vélo le fait de rouler avec un rythme, on peut pédaler des heures sans faire monter ses fréquences cardiaques, si on inclut la vitesse le problème est différent. Je suis capable de pédaler 12 h. à 20 km/h. mais pas 1 h. à 40 kms de moyenne. Le plus gros problème était le mal aux fesses et le fait de me passer de la pommade sur les fesses chaque matin, m’a permis de le résoudre.

Au niveau du matériel : j’avais acheté un vélo premier prix chez Décathlon pour la simple raison que je ne pensais pas pouvoir le ramener en France et le vendeur m’avait dit le danger de prendre ce genre de vélo car l’entraînement n’est pas très fiable. Le seul problème que j’aie eu est celui des pneumatiques. Beaucoup de crevaisons au départ dues à la bande de protection de la tête des rayons qui était cassée et l’usure des pneus qui étaient de qualité très moyenne, mais c’est normal compte tenu des prix tirés pour avoir un vélo bon marché.

Au niveau mental : de rouler seul n’est pas toujours drôle et de camper encore moins, mais on sait que c’est pour une période donnée. Le plus difficile est d’escalader les côtes sans perdre le moral et en bordure de mer de risquer en permanence l’accident avec des camions à remorque qui vous frôlent, sans parler des voitures dont le bruit permanent des moteurs est perturbant.

Quant au camping sauvage, au départ j’étais inquiet, mais je me suis vite adapté, ma peur concernait surtout le vol du vélo.

Sur le plan de la communication. En France, chaque jour nous nous appelions avec ma compagne sur le portable et en Italie je l’appelais avec une carte téléphonique sur le fixe, chaque soir vers 20 h.

Sur le plan touristique : la découverte du canal du Midi, le Sud de la France je le connaissais, je l’avais fait en voiture, mais la découverte de la Riviera, Gênes, Pise, Florence, Sienne, Rome, Naples, Le Vésuve, Pompeï etc… furent des moments forts. Le relief de l’Italie m’a également beaucoup impressionné.

La pratique du vélo est beaucoup plus facile en France, il y a des routes secondaires. En Italie il aurait fallu que je n’aie pas de contrainte de temps et que je puisse passer par le centre où il y a plus de relief mais moins de circulation, sur la Côte il y a vraiment trop de camions et on risque l’accident en permanence.

S’il y a une prochaine fois, j’essaierai d’être moins distrait car mon voyage aurait pu être remis en question par la perte de mes papiers. Il aurait été plus réussi avec les photos que j’ai perdues. Heureusement les souvenirs subsistent.

1 commentaire:

  1. Salut Jacques:
    Je viens de lire en entier. Bravo pour avoir pris des notes apres chaque journee. Ton recit est sensas. Et je suis content d'apprendre que t'as pas trop mal aux fesses apres une douzaine d'heures sur un velo. Ah oui, c'est Hugues du site retro du sco.

    RépondreSupprimer