mercredi 17 novembre 2010

Enfance et adolescence (épisode trois)

Les premiers souvenirs de ma vie sont un peu fugaces. Lorsqu’il y avait du monde à la ferme mon Père amenait les visiteurs au chai et leur offrait à boire et j’ai voulu copier cette coutume et un jour je suis allé boire à la barrique, j’ai dû trouver la piquette Rhétaise très bonne car ce fut ma première cuite, je suis rentré à la cuisine en ouvrant la porte avec ma tête complètement saoul. Je ne suis pas devenu alcoolique pour autant. Je ne buvais pas que du vin, j’ai toujours été gourmand de tout, bien sûr c’est un vilain défaut mais de le savoir ne m’a pas corrigé et je n’ai pas toujours eu les moyens de ma gourmandise. En 1942 j’ai eu une quatrième sœur de deux ans plus jeune que moi, Marie-France on se voulait patriotique à l’époque Vichyste : Travail, Famille, Patrie ! Ma Mère me demandait de tenir le biberon de ma sœur et malgré çà l’entendant hurler, elle me surprenait en train de lui voler son lait. Devant son courroux j’allais me réfugier sous les pattes du cheval, ce qui la calmait immédiatement. J’ai toujours été assez indépendant et dès mon plus jeune âge je partais de la ferme mes chaussures à la main vagabonder dans la campagne.

Devant les difficultés grandissantes de l’occupation dans cette région, mes Parents prirent la décision d’aller se réfugier à Blanzac en Charente, une petite commune prés de Matha où nous avions un cousin curé. Mon Père trouva une place de chauffeur chez un minotier. Nous allions à l’école à Matha à 3 kilomètres de notre habitation, nous prenions un train de marchandise le matin avec la complicité d’un ami cheminot de mes Parents. Le soir nous revenions à pied avec mes trois sœurs, j’avais 4 ans c’était l’éducation à la dure, ce qui paraîtrait invraisemblable à l’époque actuelle. J’ai le souvenir d’un retour de l’école un soir dans la neige, il y avait des traces de sangliers, nous avions très peur, nous nous voyons déjà piétinés par ces fauves…ce ne fut pas le cas. Je garde également un souvenir de la libération de Matha, les Allemands fuyaient devant l’avance des troupes alliés et avaient évacué les lieux, la foule s’était rassemblée pour fêter sa libération, les drapeaux tricolores étaient de sortie et patatrac la rumeur enfle, les Allemands reviennent, affolement on enlève les drapeaux, une partie de la foule se disperse…c’était une fausse alerte.

La France libérée, mes parents n’ayant plus le goût de l’agriculture, envisagent de changer d’activité, ma mère se voit commerçante, mon Père transporteur, ma Mère s’y oppose prétextant qu’il serait trop souvent absent et qu’il n’y aurait plus de vie familiale. Ma Mère décide de tenter l’aventure commerciale. Ils vendent la ferme de La Flotte et achètent un multi-commerce aux Boucholeurs près de Chatelaillon : Epicerie, bar, Tabac, ils font même dancing le Samedi soir dans une petite salle des Fêtes contiguë au commerce. Ce fut le début de la descente aux enfers.
Les débuts commerciaux de mes Parents se passèrent normalement, Maman faisait tourner l’affaire et Papa allait à la pêche !mais le gros problème était leur impossibilité de réguler les naissances, ce que nous ne regrettons pas puisque nous sommes tous encore sur cette terre après plusieurs décennies. Trois enfants après trois ans de mariage, un autre alors qu’on est en guerre alors que mon Père est mobilisé sur l’Ile de Ré, un autre enfant au milieu de la guerre alors qu’il y a des problèmes de ravitaillement ; ils se lancent dans une nouvelle activité, plein d’ambitions et patatrac, maman est à nouveau enceinte, on ne peut pas dire qu’il ait vraiment assuré de ce côté. Maman non seulement est enceinte mais elle souffre de phlébites a une embolie pulmonaire donc dans l’impossibilité de travailler et de s’occuper de la famille car alitée pour plusieurs mois. Mes sœurs vont en pension, moi chez les grands Parents Maternels et la bonne s’occupe de la petite Marie France et du commerce et Papa va à la pêche. Evidemment l’affaire va au dépôt de bilan. C’est la catastrophe.

A suivre...

1 commentaire:

  1. Bonjour Jacques,
    Je t'encourage à continuer l'histoire de ta vie, j'aurais tant aimer parler plus longtemps avec mes parents, hélas disparus trop tôt. Un jour tes descendants seront fiers de découvrir l'histoire de leur famille.
    Tu es bien parti, ne t'arrêtes pas.
    Robert dit Boby

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